Il y a cent ans, dans la ville allemande de Weimar, l’architecte Walter Gropius fondait l’école de design et d’architecture appelée le Bauhaus. Son objectif était de donner la même formation aux artistes et aux artisans afin qu’ils conçoivent ensemble ‘la construction du futur’. Il a marqué le début d’une toute nouvelle ère et son influence est encore visible aujourd’hui. Que devons-nous au Bauhaus ?
Au départ, le Bauhaus avait une vision utopique d’un monde neuf et meilleur. L’art, le design et les techniques innovatrices devaient le rendre plus beau. La Première Guerre mondiale venait tout juste de se terminer et avait totalement détruit nombre de villes et de villages. La reconstruction devait donc être réalisée avec un plan et une vision en tête. L’architecte allemand Walter Gropius était lui aussi de cet avis. Il en a érigé tous les principes et les a consignés dans un manifeste. Il a fondé l’école du Bauhaus où artisans designers et artistes suivaient la même formation. Le projet pédagogique du Bauhaus était très novateur, car il voulait atteindre ce que nous appellerions aujourd’hui l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Ainsi par exemple, on pouvait y suivre des séances de yoga et manger macrobiotique à la cantine. L’école du Bauhaus devint rapidement célèbre et acquit un rayonnement international. Voici quelques exemples remarquables de ce que nous lui devons.

Tout doit être planifié
Dans quelle mesure peut-on dire que le Bauhaus a influencé le design ? On ne peut pas vraiment parler de ‘design’ sans mentionner le Bauhaus, de même qu’on ne peut pas cuire sans feu. La philosophie implacable visant à créer un design de qualité abordable pour les masses s’était déjà imposée à l’époque du Bauhaus, et continue d’inspirer de nombreuses entreprises aujourd’hui. Ikea en est sans doute l’exemple le plus frappant. Il faut admettre que le Suédois à l’origine d’Ikea a fait un pas de plus vers la démocratisation du design en associant ‘flat pack’ et ‘à assembler soi-même’. Ce genre de multinationales sont guidées par un principe commercial, mais elles n’en demeurent pas moins redevables envers le Bauhaus. C’est surtout dans leur concept qu’elles pratiquent l’art de l’omission. ‘Less is More’ : c’est entièrement au Bauhaus que nous le devons.
La mesure des choses
Le Bauhaus a aussi établi une norme en termes de dimensions de construction et de conception, où l’être humain se trouve toujours au centre. De la chaise à la table, de la cuisine à l’escalier, bref, tout ce qui nous entoure. Et en effet, les éléments constitutifs de l’architecture contemporaine, ce ne sont pas les briques, mais l’Homme. Tout doit toujours ramener à lui et à son ergonomie. Ceci a été précisément décrit dans le ‘Bauentwurfslehre’. Cet ouvrage de référence contient des dessins détaillés avec les cotes prévues, mais aussi des textes explicatifs sur des éléments et des normes de construction qui ont toujours l’humain comme point de départ. La hauteur idéale de votre îlot de cuisine ou celle de votre four encastré Siemens… tout cela est décrit dans le ‘Bauentwurfslehre’.


Typique et hors normes
L’influence du Bauhaus s’étend bien sûr au-delà de l’architecture et de la conception de mobilier. Il a également donné une impulsion au développement du graphisme et de la typographie. Le Bauhaus était synonyme d’un style dépourvu de fioritures et efficace, et dans sa recherche d’objectivité et de neutralité, il préférait les polices sans référence historique. Les polices pures et sans empattement Futura et Century Gothic, par exemple, ont vu le jour sous l’influence du Bauhaus, tout comme la très célèbre Helvetica que de nombreuses marques utilisent aujourd’hui dans leur communication.
Pour faire simple, l’influence du Bauhaus est encore tangible de nos jours non seulement dans nos habitations et dans la conception des appareils ménagers, mais aussi sur nos ordinateurs portables et même dans les publicités que nous voyons quotidiennement.