Là où tout a commencé : l'atmosphère créative de Mantoue.

« Mon avenir commence dès que je me lève chaque matin. Chaque jour je trouve quelque chose de créatif à faire de ma vie », raconte Giulia Bernardelli. Un matin, Giulia dessinait en prenant son café. Tout à coup, elle a renversé sa tasse d'un geste maladroit. Ce fut le point de départ d'une nouvelle forme d'art à base de café.

Giulia est originaire de Mantoue, l'un des principaux centres culturels et artistiques du Nord de l'Italie. La cité lombarde est réputée pour ses trésors architecturaux, ses objets anciens et ses palais raffinés. Sa vieille ville a même été inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO. En 2016, Mantoue a été désignée capitale italienne de la culture. En 2017, elle a été désignée capitale européenne de la gastronomie.

C'est l'endroit où Roméo a été banni dans la pièce de Shakespeare. Et c'est également le lieu de naissance de Giulia Bernardelli, et celui où elle a débuté son aventure artistique.

Giulia a grandi entourée d'art et d'architecture, dans l'atmosphère magique des majestueux bâtiments historiques de Mantoue. Cet environnement créatif a façonné sa personnalité quand elle était jeune. Et aujourd'hui, c'est sa passion pour les voyages autour du monde et l'exploration des grandes métropoles qui influencent sa créativité. « J'ai l'impression que l'esprit urbain imprègne mes œuvres », affirme-t-elle. Le café fait partie de son quotidien depuis longtemps. C'est à la fois un moyen de réunir ses amis et une façon pour elle d'exprimer son art.

Le café utilisé comme moyen d'expression artistique répond à des critères différents, car on l'apprécie seulement du point de vue esthétique. Mais il est vrai que l'intensité du café détermine sa couleur, c'est pourquoi je commence en général par un café fort très foncé, que je dilue jusqu'à ce qu'il devienne clair comme du café américain. Je prépare chaque café avec ma machine à expresso EQ.9, qui fait maintenant partie de la famille.

Je peux trouver l'inspiration dans n'importe quel élément de la vie de tous les jours : un rayon de soleil qui illumine parfaitement une pièce, des tasses rangées en ordre chromatique, une tasse de café... et puis je fais des voyages, courts et longs, pour apprendre à connaître d'autres cultures, m'abandonner dans la nature... ou encore en lisant un livre ou en écoutant une chanson. Chacune de mes créations reflète une situation ou une humeur. Et c'est quand je suis heureuse qu'elles sont les plus réussies. Quand je manque d'inspiration, je reviens aux sources, je m'entoure de beauté et j'essaye de retrouver mon équilibre.

N'importe quelle destination peut être enrichissante et nous apprendre quelque chose de nouveau. Voyager apporte de la perspective, nous apprend à mieux nous connaître et à nous ouvrir à de nouvelles opportunités. J'ai toujours adoré les pays dont la culture est très différente de la mienne, comme le Japon. J'y ai été deux fois et j'ai appris que là-bas, la nourriture était liée aux gestes et aux traditions, elle a une essence et une signification. Ce pays abrite aussi les plus beaux musées que j'aie jamais vus, où les vraies œuvres d'art sont les bâtiments eux-mêmes, où j'ai appris que le néant formait un tout et où j'ai découvert l'art véritable du minimalisme, un concept qui n'existe pas dans la culture italienne. Mais il n'y a pas besoin d'aller à l'autre bout du monde pour trouver l'inspiration. Berlin et Istanbul m'ont surprise également, la première pour son innovation et la seconde pour sa tradition et la nourriture.

Nous, les Italiens, nous raffolons de café, mais le problème c'est que nous croyons être les meilleurs dans ce domaine [elle rit]. Et moi la première d'ailleurs : « Quel bon café boire si ce n'est un expresso ? ».. Mais j'avais tort ! Dans les bistrots italiens, boire un café est souvent l'occasion de partager un moment en bonne compagnie, c'est un prétexte pour retrouver ses amis ou faire une pause, et la qualité du café passe au second plan. Mais la qualité compte vraiment et les gens en prennent conscience. Aujourd'hui, on étudie et on utilise différentes méthodes d'extraction, qui sont très à la mode dans les grandes villes et se propagent lentement aux petites villes comme Mantoue. Moi je suis une grande adepte de l'infusion à froid, qui libère les arômes du café sans le chauffer.

Quand on pense au café italien, on pense tout de suite à un délicieux expresso. L'expresso est à la base de la culture italienne du café. On le complète souvent par du lait ou de la crème de lait, au choix. C'est possible notamment grâce aux machines à café tout automatiques et aux machines à capsule, qui sont de plus en plus répandues.

Le café italien est fait avec des grains très foncés. Le torréfacteur doit posséder une certaine habileté pour le préparer. C'est ce qui explique pourquoi on trouve encore de nombreuses petites brûleries en Italie, qui font de la « torrefazione artigianale ». Les maîtres torréfacteurs sont très expérimentés et savent torréfier les grains de café lentement pour parvenir au résultat voulu.

Ils pressent de l'eau chaude à haute pression à travers le café finement moulu obtenu à partir des grains torréfiés. Il se forme alors une crème, qui est due aux huiles des grains de café, que les Italiens appellent « crema ». Le café italien doit aussi son arôme caractéristique à sa torréfaction lente mais forte. Les substances amères font baisser la teneur en caféine et en acide de l'expresso et en facilitent la digestion. Cette amertume est généralement compensée par beaucoup de sucre.

Traditionnellement, dans la dolce vita et la culture italienne du café, on sirote de l'eau plate à côté de son café ou cappuccino. C'est pour cela qu'on accompagne habituellement la tasse de café d'un verre d'eau.

Pour réaliser le meilleur café, il faut que l'esprit et le cœur travaillent ensemble. Il faut toujours respecter la matière première et faire ressortir ses qualités avec la bonne technique. Dans tous les domaines de la vie, ce qui fait la différence est le soin qu'on apporte aux choses. Pour vous raconter une anecdote : quand j'étais en licence à Bologne, j'avais l'habitude d'aller chez mon torréfacteur préféré. Il sélectionnait, torréfiait et goûtait le café avec le plus grand soin, et cela se ressentait à tous les niveaux. Même dans l'air parfumé. Ce n'était pas simplement du café, mais une tasse remplie de sens, de voyages et de sensations. Cette capacité à transformer un geste de tous les jours en moment si spécial m'a marquée et est devenue le fondement de mon travail.

Le café rythme ma journée à la maison. Le premier que je bois, au lever, est un cappuccino. J'en bois un deuxième après le second, soit un américain soit un expresso. C'est ma dose de plaisir avant de reprendre le travail. Le café est toujours l'occasion de passer un moment agréable. Ceci étant dit, bien que j'adore le café, je ne me considère pas comme une experte. Mais cela va bientôt changer. Je m'apprête à partir en excursion dans des villes européennes afin de tout savoir sur la culture fascinante du café. Mon premier voyage m'a mené à Berlin, où j'ai visité une brûlerie et fait la rencontre d'Ersin, qui m'a appris beaucoup de choses sur la torréfaction.

C'était extraordinaire d'assister au processus de sélection et de torréfaction, de voir tout le travail qui se cache derrière une boisson apparemment simple que presque tout le monde consomme de manière quotidienne. Et il s'agit seulement d'une des dernières étapes de la préparation. Quand on pense à la plantation, à la récolte et à l'expédition, cela donne le tournis ! Ce fut un réel honneur de voir tout cela.